Présenter un bilan carbone pour un produit immatériel non diffusé
La prise de conscience environnementale s’amplifie dans tous les secteurs, y compris celui du numérique. Pourtant, le bilan carbone d’un produit immatériel, en particulier lorsqu’il n’est pas diffusé ou largement distribué, reste un sujet peu exploré. Comment mesurer concrètement l’empreinte carbone d’un logiciel, d’une application, ou d’un service digital qui n’est pas encore sur le marché ? En 2025, cette problématique prend tout son sens dans un contexte où la consommation numérique mondiale contribue de plus en plus aux émissions de gaz à effet de serre, avec une progression annuelle estimée à 6 %.
Le numérique, représentant aujourd’hui environ 2,5 % de l’empreinte carbone française, pourrait voir son impact tripler à l’horizon 2050. Cette croissance est due non seulement à la fabrication et au renouvellement rapide des équipements, mais aussi aux infrastructures comme les data centers et les réseaux. Pour un produit immatériel non diffusé, l’enjeu porte essentiellement sur la phase de développement et de préparation à la mise en production. Analyser ce segment, c’est aussi comprendre les efforts possibles pour réduire l’impact dès cette phase critique, avant même que le produit ne soit utilisé massivement.
Avec des outils et des méthodes innovants proposés par des acteurs comme Carbone 4, Greenly, EcoAct et WeCount, les entreprises peuvent désormais évaluer les émissions associées aux usages, aux ressources consommées et aux infrastructures sollicitées. Mais présenter un bilan carbone précis et pertinent pour un produit immatériel non diffusé reste complexe. Cet article vous guidera à travers les étapes clés, les méthodes adaptées et les bonnes pratiques pour mener à bien cette démarche environnementale essentielle.
Comprendre les enjeux du bilan carbone pour un produit immatériel non diffusé
Pour appréhender le bilan carbone d’un produit immatériel non diffusé, il est crucial de saisir d’abord les particularités de ce type de produit. Contrairement à un bien matériel, un produit immatériel — comme une application logicielle, une plateforme SaaS ou un service digital — ne génère pas d’émissions directement liées à sa circulation ou à son stockage physique. Cependant, son développement et sa mise à disposition nécessitent des ressources énergétiques et matérielles importantes.
Le bilan carbone ne se limite donc pas uniquement aux émissions issues de l’utilisation effective, mais intègre notamment :
- La consommation énergétique liée au développement : les serveurs, postes de travail, et équipements utilisés par les équipes de développement, d’intégration et de tests consomment de l’électricité qui peut représenter une part significative des émissions.
- Les infrastructures informatiques : même si le produit immatériel n’est pas diffusé, les environnements de préproduction, de test ainsi que les plateformes cloud utilisées pour héberger des prototypes ou stocker des données temporaires génèrent des émissions.
- La gestion de la chaîne d’approvisionnement : cela inclut la fabrication et l’entretien des équipements, le transport des collaborateurs, l’utilisation des espaces de bureaux, etc.
La prise en compte de ces critères fait ressortir une complexité notable. Un exemple probant : une application en phase de développement, testée sur des serveurs dédiés, peut émettre chaque mois plusieurs centaines de kilogrammes de CO2, sans même être accessible au grand public.
La méthodologie développée par des sociétés comme BL évolution et ENVIROPRO propose des cadres d’évaluation qui permettent de tracer précisément ces différentes sources d’émissions. De même, Climeet ou Enercoop fournissent des solutions pour intégrer des données énergétiques renouvelables et réduire les impacts associés.
Les défis spécifiques à la mesure d’un produit immatériel non diffusé
La collecte de données précises représente un obstacle majeur. En effet, la non-diffusion signifie souvent que les usages réels ne sont pas encore connus, rendant difficile l’estimation de la consommation électrique liée à l’usage futur. Les émissions indirectes, souvent appelées émissions de scope 3, sont elles aussi complexes à quantifier car elles impliquent l’ensemble des acteurs et infrastructures en amont.
Voici une liste des principales difficultés rencontrées :
- L’absence de données d’usage factuelles empêche une mesure fine des émissions.
- La variabilité des infrastructures cloud et serveurs (selon les fournisseurs et l’architecture technique).
- La dispersion géographique des équipes et des équipements liés au projet.
- La prise en compte de la fabrication et de la maintenance des équipements, souvent sous-estimée.
- La disparité des outils disponibles pour une analyse standardisée.
Ces difficultés expliquent pourquoi des acteurs spécialisés tels qu’EcoAct développent des approches sur-mesure, intégrant des données spécifiques à chaque produit et tenant compte de la chaine logistique numérique complète. Pour compenser ces difficultés, il est souvent recommandé de commencer par une évaluation qualitative puis d’affiner au fil de la maturation du projet.
| Origine des émissions | Exemple concret | Solutions d’atténuation |
|---|---|---|
| Conception et développement | Serveurs de tests énergivores chez un éditeur logiciel | Optimisation du code, recours à des serveurs basse consommation |
| Infrastructure cloud | Stockage temporaire dans data centers non renouvelables | Choix d’hébergeurs engagés comme GoodPlanet ou Enercoop |
| Déplacements des équipes | Réunions physiques fréquentes entre plusieurs bureaux | Mise en place de télétravail et réunions en visioconférence |

Les méthodes adaptées pour réaliser un bilan carbone d’un produit numérique inédit
Établir un bilan carbone fiable pour un produit numérique inédit impose une méthodologie spécifique. Parmi les méthodes en vogue en 2025, plusieurs se distinguent par leur pertinence technique et leur capacité à s’adapter aux particularités du numérique.
La démarche classique recommandée par Carbone 4 et EcoAct suit généralement trois phases :
- Identification des sources d’émissions : cela comprend tout ce qui est mobilisé pour créer le produit, depuis la consommation des matériels jusqu’au fonctionnement des logiciels de développement.
- Collecte et modulation des données : rassembler les données réelles ou estimées relatives à la consommation énergétique, les déplacements, les infrastructures, et modéliser leur impact selon des facteurs d’émission standards et reconnus.
- Analyse et présentation des résultats : synthétiser les résultats en un rapport clair, permettant de cibler les usages les plus énergivores et d’orienter des pistes pour réduire les émissions.
Intégrer la notion de cycle de vie même pour un produit non diffusé
L’une des erreurs fréquentes est d’oublier que le bilan carbone doit couvrir l’ensemble du cycle de vie, même pour un produit jamais diffusé. Cette analyse approfondie expose l’impact complet qui s’étend de la fabrication à la fin d’usage des équipements utilisés, en passant par la phase de développement et d’essais.
Pour cela, il est utile d’appliquer les principes d’Analyse de Cycle de Vie (ACV), un outil très répandu par des organismes comme GoodPlanet, qui peuvent accompagner dans cette démarche pour les produits immatériels.
- Phase amont : extraction des matières premières, fabrication et transport des équipements numériques utilisés par les équipes.
- Phase opérationnelle : consommation énergétique informatique pendant la conception, tests, simulations et maintenance.
- Phase aval : recyclage ou gestion de fin de vie des équipements et serveurs utilisés, et les impacts liés aux éventuels déchets électroniques.
Grâce à ce cadre, même un produit jamais mis en exploitation sera évalué avec une vision globale. Cette rigueur facilite également la prise de décision pour réduire l’impact et respecter ses engagements sur la décarbonation numérique, promue par des collectifs comme WeCount.
Outils numériques et plateformes recommandés pour ce bilan
Pour rendre cette démarche accessible et standardisée, plusieurs plateformes de calcul ont émergé. Greenly propose une solution intuitive pour intégrer les données énergétiques sectorielles. Climeet propose des fonctionnalités avancées pour ajuster le bilan selon les objectifs écologiques du projet.
| Outil / Plateforme | Caractéristique principale | Avantage clé |
|---|---|---|
| Carbone 4 | Expertise conseil et accompagnement sur-mesure | Approche personnalisée et analyse fine de la chaîne d’émission |
| Greenly | Plateforme SaaS simple d’utilisation avec suivi en temps réel | Accessibilité et visualisation dynamique des données carbone |
| EcoAct | Consulting et outils adaptés au secteur numérique | Prise en compte complète des scopes 1, 2 et 3 pour une vision exhaustive |
| Climeet | Analyse sectorielle avec modules spécialisés | Paramétrage selon les politiques environnementales de l’entreprise |
Exemples pratiques de présentation d’un bilan carbone pour un produit non diffusé
La présentation du bilan carbone d’un produit immatériel non diffusé peut s’adapter à divers formats et attentes selon les parties prenantes :
- Pour un comité interne : le rapport détaillé avec analyse pointue des sources d’émission et recommandations pour optimiser le développement.
- Pour les investisseurs : synthèse chiffrée appuyée par des graphiques clairs, mettant en avant la trajectoire de réduction de l’empreinte.
- Pour des parties externes ou institutionnelles : document présentant une démarche transparente, des données fiables, et les engagements pris pour diminuer l’impact.
Dans tous les cas, la transparence est clé. Une bonne présentation illustre non seulement les chiffres mais aussi les hypothèses retenues et les marges d’incertitude. Par exemple, un rapport réalisé par ENVIROPRO a permis de démontrer que 85 % des émissions liées à un service numérique proviennent de la phase de conception et des infrastructures associées, avant même le lancement commercial.
Structurer une communication efficace
Une structure claire facilite la compréhension. Voici un exemple de plan pour une présentation :
- Contexte et raison d’être du bilan carbone.
- Description du produit et périmètre de l’analyse.
- Résultats détaillés par phase du cycle de vie.
- Identification des leviers d’action.
- Propositions de réductions et feuille de route.
Utiliser des outils graphiques, comme des diagrammes par secteurs, est conseillé. Toovalu propose des solutions pour visualiser et quantifier les données environnementales de manière pédagogique.
Les bonnes pratiques pour limiter l’empreinte carbone d’un produit immatériel dès sa conception
Intégrer la notion de sobriété numérique dès la conception est une démarche essentielle. Les démarches portées par des organismes tels que GoodPlanet ou Enercoop encouragent à penser l’impact en amont pour minimiser les rejets de gaz à effet de serre.
Voici quelques principes stratégiques à adopter :
- Optimiser la performance énergétique des processus de développement en utilisant des serveurs éco-performants.
- Limiter la complexité technique pour réduire le poids des applications, ce qui diminue la charge sur les infrastructures.
- Encourager la réutilisation et le reconditionnement des équipements pour ralentir le renouvellement matériel.
- Privilégier des hébergeurs responsables, engagés dans la transition énergétique.
- Sensibiliser et former toutes les équipes aux enjeux du numérique responsable.
Les bénéfices sont multiples : diminution des coûts énergétiques, meilleure acceptabilité sociale et conformité aux normes environnementales. BL évolution par exemple accompagne les entreprises dans le déploiement de plans de transformation incluant ces objectifs avec efficacité.
Il ne s’agit pas de renoncer au numérique, mais de mieux l’intégrer dans une démarche plus respectueuse des ressources de la planète. C’est une responsabilité partagée entre décideurs, développeurs et utilisateurs, soutenue aujourd’hui par des initiatives collaboratives comme WeCount.
Questions fréquentes sur la présentation du bilan carbone d’un produit immatériel non diffusé
Comment estimer les émissions d’un produit digital avant sa commercialisation ?
L’estimation repose sur la modélisation des scénarios d’usage, l’analyse des infrastructures utilisées durant le développement, et les données des consommations énergétiques associées. Des experts de Carbone 4 peuvent aider à affiner ces projections.
Quels sont les enjeux du scope 3 pour un produit non diffusé ?
Le scope 3 recouvre les émissions indirectes en amont et en aval, notamment la fabrication des équipements et les déplacements. Même si le produit n’est pas diffusé, ces postes peuvent représenter une part importante de l’empreinte globale.
Peut-on réduire l’impact carbone dès la phase de conception ?
Oui, la sobriété numérique et l’éco-conception permettent d’agir dès le début pour diminuer l’empreinte, notamment en optimisant le code et en limitant la consommation des infrastructures.
Quelles plateformes sont recommandées pour réaliser un bilan carbone digital ?
Des outils comme Greenly, Climeet, ou des services d’experts tels que EcoAct et ENVIROPRO apportent des solutions adaptées et éprouvées.
Faut-il communiquer sur un bilan carbone pour un produit non diffusé ?
Communiquer aide à instaurer la transparence et crée un engagement fort. Cela peut aussi encourager les bonnes pratiques et rassurer les futurs utilisateur·rice·s ou investisseurs.
